Togo : « Point Vert » fait des enfants, des écologistes de demain
L’Espace aéré « Point Vert » est l’unique centre d’initiation des enfants à l’agriculture biologique au Togo. Créé par le jeune Togolais Razak Adjéi, ce cadre de formation pour enfant a ouvert ses portes en janvier 2018 à Agoè, un quartier périphérique au nord de Lomé. Il a déjà formé une centaine d’enfants.
« Cette initiative est une première ici au Togo. Nous avons déjà accueilli une centaine de jeunes que nous avons initié à l’agriculture. Ils sont souvent des enfants qui reviennent de l’école et sont attirés par nos affiches et rentrent au point vert pour avoir des informations », a laissé entendre Razak Adjéi.
Notre vison, poursuit-il, est de voir ces enfants avoir les notions de l’agriculture et de connaître les impacts de tout ce qui rentre dans le cadre d’une production agricole. « Et en plus grand, leur permettre à la longue d’investir et de s’investir dans l’agriculture« .
Le « Point Vert » dispose de deux espaces d’apprentissage selon les âges. L’espace junior est réservé aux enfants de 02 à 07 ans et l’espace senior pour ceux de 08 à 18 ans.
Le jeune acteur de développement durable a ses raisons de porter le choix sur les enfants. « Je pense que les enfants sont des acteurs parfaits pour passer le message d’un développement durable intégral, quand on sait bien que l’utilisation des intrants chimiques détruit le sol et nuit à la santé », a-t-il fait savoir.
L’univers des enfants jardiniers potagers
Au centre, Daniel Akassebo, potagiste chargé de l’encadrement des enfants, a sa méthode pour transmettre son savoir-faire aux tous petits. « J’apprends aux enfants le nom de chaque plante, sa semence, son utilité et ses phases de croissance puisque nous avons les mêmes plants à différents âges. Ils découvrent aussi les matériels de travail que nous utilisons et leur rôle. Les enfants apprennent aussi les techniques pour faire pousser et entretenir les plants. Je leur apprends la confession de petites planches, le semi des graines, l’arrosage, le repiquage des jeunes plants sur les planches, le binage, etc. » , décrit-il.
Au lieu d’un cours en classe, Briyana (CE2) et ses camarades d’école vont passer la journée à l’espace aéré « Point Vert » pour découvrir un jardin potager. C’est une occasion pour eux de toucher les légumes et les outils qu’ils ont appris en classe afin de se mettre dans la peau du jardinier potager.
« Au Point Vert, j’ai repiqué un plant de tomates sur une planche et je l’ai arrosé avec de l’eau dans l’arrosoir. Je vais refaire la même chose à la maison », a indiqué Briyana. Quant à Yves (CMI), c’est une joie d’apprendre davantage sur les légumes. « Je ne connaissais pas avant les plantes et les matériels que j’ai découverts ce matin. Quand je vais rentrer à la maison, je vais dire à maman que ça m’a plu de venir au jardin potager pour en savoir plus sur les légumes. J’ai appris à arroser, à semer et à biner» , s’est-il réjoui.
À Amadou (CMII) de faire l’éloge de ses nouvelles connaissances : « J’ai vu le maïs, l’aubergine, l’amarante, le papayer, le piment, la tomate, l’Adémè. J’ai vu le transplantoir, le plantoir, la fourche, le râteau, l’arrosoir, la serfouette. Je suis très content parce que je suis venu au jardin pour apprendre à semer ».
Le système d’irrigation goutte à goutte à base de bouteilles d’eau recyclées a le plus retenu l’attention de Dédé en classe de CMI. « On met de l’eau dans un bidon et l’eau vient petit à petit sur les plantes dans les deuxièmes, troisième et quatrième bidons et le reste de l’eau se verse dans le cinquième bidon. Je suis venue apprendre beaucoup de choses dans le jardin », a-t-elle fait savoir.
À la fin de la séance, chaque enfant repart chez lui avec un plant pour continuer son apprentissage.
Yves, en possession de son plant de tomates, a déjà hâte d’aller reproduire tout ce qu’il a appris chez lui. « Quand je vais rentrer à la maison, je vais aller repiquer mon plant de tomates dans un sachet d’eau, l’arroser et l’entretenir pour qu’il soit grand et me donne des tomates que je vais manger. Pour le faire, je vais découper un bout du sachet, faire des trous au bas du sachet. Je vais mettre du sable dans le sachet, ensuite, je vais repiquer mon plant et je vais mettre un peu d’eau », a-t-il indiqué.
De la théorie à la pratique
Selon le promoteur du « Point Vert », tout est mis en œuvre pour permettre aux enfants de mettre en pratique tout ce qu’ils ont appris en classe. « Nous avons une pédagogie qui est liée à ce qu’on enseigne aux enfants dans les classes. Par exemple, le sol qu’on étudie en géographie ou en EDUSIVIP, nous le refaisons de manière pratique en leur montrant les différents types de sol pour cultiver. En SVT, en physique ou en chimie, on apprend la quantité d’eau à mettre sous les plants, les composantes nutritives du sol. En mathématique, il y a des mesures très strictes qu’il faut observer entre les plants, les quantités d’éléments pour faire les mélanges, etc. », a-t-il expliqué
La pédagogue Logossou-Têko Kokoè est du même avis : « La vie scolaire ne s’arrête pas aux quatre murs de l’école. Tout ce que les enfants ont eu à voir et à faire dans ce centre est une continuité de la vie scolaire ».
Pour les cinq prochaines années, Razak Adjéi et son équipe ambitionnent de multiplier les espaces aérés « Point Vert » dans les quartiers de Lomé, à l’intérieur du pays et dans la sous-région ouest africaine.
Jérémie Gadah