Kenya : les enfants prennent le devant de la lutte contre le viol

Les enfants kényans sont devenus des acteurs de lutte contre les abus sexuels à l’égard la gent féminine. Ils sont plus de 250.000 jeunes filles et garçons à être formés dans 300 écoles de Nairobi depuis 2010 par l’ONG kényane Ujamaa, à travers une série de programmes sur l’éducation sexuelle.

L’ONG Ujamaa instruit des garçons de 14 à 18 ans dans les collèges, sur l’éducation sexuelle, les mythes sur le viol, le consentement sexuel, les mesures d’intervention une fois témoin d’une agression sexuelle, à travers le programme « Votre moment de vérité ».
Un accent est mis sur les jeunes garçons puisque, selon les études, les violences sexuelles sont dues en grande partie à la difficulté des petits-amis et amis à respecter le refus de l’acte sexuel de leur partenaire.

Toutefois, ces nouveaux défenseurs doivent aussi préserver leur vie. « Nous voulons que les garçons soient assez confiants pour défendre ce en quoi, ils croient. Mais nous leur rappelons toujours leur sécurité, ils ne devraient pas être blessés s’ils interviennent dans une situation, si leur vie est en danger, ils devraient alerter leurs compagnons ou impliquer les autorités », a expliqué Anthony Njangiru, coordinateur-terrain de l’ONG Ujamaa.

Les plus jeunes ne sont pas du reste dans cette lutte. En attendant leur 14e anniversaire, les garçons et les filles de 10 à 13 ans ont la possibilité de se former deux heures par semaine, et ce, pendant six semaines sur la question de la puberté dans le cadre du programme « Aux sources de la force ».

Ces initiatives ont été mises en place par l’ONG Ujamaa dans le cadre du programme « No Means No Worldwide », conçu pour réduire la violence sexuelle dans la capitale Kényane.

Les résultats suscitent l’admiration au-delà des frontières

En quelques années de mis en œuvre, les résultats sont palpables sur le terrain. Isaac, un garçon de 15 ans, initié par l’ONG Ujamaa, a pu sauver une fille d’un abus sexuel à Kibera, le plus grand bidonville du Kenya. À la vue de la jeune fille attrapée par un groupe d’hommes, Isaac a fait appel à un voisin plus âgé pour dissuader le groupe de malfaiteurs.

« Tout le monde a commencé à se disputer (…). Le groupe a indiqué que la fille était leur ‘prise’ et qu’ils devaient la violer. Après 20 minutes, ils ont décidé de la laisser partir », a-t-il rapporté.

Un autre, écolier âgé de 11 ans a indiqué avoir vu un homme sur le point d’agresser sexuellement un bébé. Pour aider la victime, il a crié et jeté des pierres dans la direction de l’agresseur afin d’attirer l’attention des personnes qui étaient à proximité.

Selon une étude de l’Université de Stanford aux Etats-Unis, après les cours du programme « Votre moment de vérité », le pourcentage de garçons qui sont intervenus lorsqu’ils ont été témoins d’une agression physique et sexuelle sur une fille est passé de 26 % à 74 %.

Les garçons ont également été jugés moins sujets à endosser des mythes sur des agressions sexuelles et les cas de viol par les copains et les amis des filles ont baissé. Parmi les femmes participant au projet, il y a eu une diminution remarquable de 51 % des cas de viol déclarés.

Grâce à ses succès, le programme Kényan « No Means No Worldwide » est en cours d’expérimentation au Malawi et sera lancé bientôt en Ouganda.

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