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« Nous faisons appel au gouvernement et aux communautés pour qu’ils assument leur engagement envers les enfants », Fousseini BRAMAH, Directeur de Programme SOS Villages d’enfants Kara

En 1949, le Docteur HERMANN GMEINER a créé en Autriche, SOS Villages d’enfants à la suite du bilan chaotique de la 2ème guerre mondiale. Aujourd’hui, cette organisation à vocation sociale se retrouve dans plus de 135 pays au monde. Au Togo, elle est représentée depuis 1979. L’organisation est implantée dans quatre régions sous forme de Programme (Kara, Dapaong, Atakpamé et Lomé). L’ensemble des activités est coordonnée par une Direction Nationale basée à Lomé. Djena.info s’est entretenu avec le Directeur du Programme SOS Kara, Fousseini BRAMAH. Suivez l’entretien.

Quelles sont les cibles concernées par les interventions de SOS Villages d’enfants ?

Le groupe cible de cible de SOS Villages d’enfants C’est précisément, les enfants ayant perdu la prise en charge parentale ou qui courent le risque de la perdre. A partir de l’ enfant, SOS Villages d’enfants touche les parents, les familles et la communauté. Dans la région de la Kara, SOS couvre toutes les 07 préfectures.

Quelles sont la vision et la mission de SOS ?

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Lorsque l’enfant grandit seul sans l’amour ou le soutien d’un parent, il court parfois le risque de souffrir de discriminations, de négligence, d’abus et d’abandon. Il apprend alors moins de la vie et aura de la peine à devenir un membre actif au sein de la société.  Ces analyses ont motivé SOS Villages d’Enfants à se donner comme vision d’offrir à chaque enfant une place dans une famille où Il grandira dans un climat d‘affection, de respect et de sécurité. Comme mission, SOS Villages d’enfants donne une famille à chaque enfant en difficulté, l’aide à bâtir son propre avenir et participe au développement des communauté locales.

Existe-t-il des textes internationaux qui soutiennent la prise en charge  des enfants ?

Trois (03) textes internationaux servent d’appui à SOS dans ses activités. D’abord la Convention des Nations Unies relative aux droits des Enfants (CDE), adoptée en 1989. Elle est signée par presque tous les pays du monde y compris le Togo et reconnait aux enfants le caractère essentiel de la famille affectueuse et protectrice pour le développement de l’enfant.
Ensuite, les lignes directrices des Nations Unies relative à la protection de remplacement des enfants, adoptées en 2009. Ces lignes stipulent que la prise en charge de remplacement doit être nécessaire et adaptée. Elles soulignent aussi le fait que les enfants ont besoin d’un lien d’attachement sûr et continu à un responsable de prise en charge stable.

En bref, ces lignes interpellent les gouvernements à faire respecter le droits des enfants à bénéficier d’une prise en charge de qualité que ce soit au sein de leur famille d’origine ou d’une pris en charge de remplacement. Enfin, le dernier texte international est les Objectifs de Développement Durables (ODD) adoptés en 2015 et s’étendent jusqu’en 2030, qui sont également importants.

Comment se présente le fonctionnement interne de SOS Villages d’enfants/ programme de Kara et quelles sont les solutions de prise en charge que vous proposez au niveau de chaque unité ?

Le programme de Kara compte 04 unités de programme : prise en charge alternative, prise en charge renforcement de la famille ou famille d’origine, Santé et Education. Toutes ces unités sont appuyées par des services transversaux qui sont le service psychosocial, le service administratif et financier. Chaque unité et service a à sa tête un coordonnateur et tout le site est sous la responsabilité d’un Directeur de programme. Les solutions de prise en charge vont de la prise en charge de remplacement au renforcement de la famille en passant par le plaidoyer et les partenariats établis pour promouvoir la qualité de la prise en charge.

Au niveau de l’unité programme prise en charge de remplacement, nous avons les familles SOS intégrées dans les communautés et les familles au village SOS. Cette unité travaille aussi avec les familles d’accueil et gère une maison de transit. Lorsque cela va dans l’intérêt supérieur de l’enfant et que les autorités compétentes donnent leur aval, nous fournissons une prise en charge de remplacement. L’organisation fera 70 années d’expérience  en 2019 dans la prise en charge de renforcement sur le long terme basée sur un modèle de type familial que nous appelons prise en charge en famille SOS. Nous avons également d’autres formes de prise en charge de remplacement comme la prise en charge en famille d’accueil et les foyers pour petits groupes.

Aujourd’hui dans la Région de la Kara lorsqu’un enfant est en situation d’urgence, le Programme SOS Kara peut le recevoir dans une maison de transit, le temps de chercher une solution à la situation de cet enfant. Nous innovons et améliorons constamment notre travail avec les familles SOS. Nous faisons une autocritique de nos interventions afin d’améliorer nos prestations avec les familles SOS. Nous utilisons notre expérience ainsi que notre compétence pour explorer des solutions de prise en charges pertinentes avec nos partenaires et tout cela afin de trouver la meilleure option de prise en charge de remplacement possible pour chaque enfant.
L’unité renforcement de la famille ou famille d’origine. Le renforcement donne à la famille les capacités nécessaires pour couvrir les droits de l’enfant. Tant que la famille d’origine apporte une prise en charge adéquate, c’est dans l’intérêt de l’enfant de vivre auprès de sa famille. Nous travaillons avec les organisations communautaires et le gouvernement pour renforcer les familles vulnérables de façon à prévenir la rupture et la séparation des enfants et de leur famille. Le Programme SOS villages d’enfants Kara travaille également sur la prise en charge par des proches. Grâce à cette unité de programme les enfants bénéficient d’une aide pour vivre auprès des membres de leur famille élargie.

Lorsque cela s’avère nécessaire, nous essayons d’établir des partenariats avec l’état et avec d’autres parties prenantes pour offrir un accès aux soins de santé élémentaires et à une éducation de qualité. Alors à Kara, nous avons des structures scolaires qui offrent une éducation de qualité, qui est un moyen permettant aux enfants pris en charge par le programme de renforcer leur compétence et d’évoluer vers une vie autonome. Nous avons l’unité programme santé, avec l’hôpital Mère et Enfant, pour assurer des soins préventifs et curatifs aux enfants et adultes du programme et des communautés. Ce centre offre annuellement ses services à plus de 9641 bénéficiaires de la région.

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À travers le plaidoyer, nous faisons appel au gouvernement et aux communautés pour qu’ils assument leur engagement envers les enfants sans parents ou ceux qui risquent d’être privés de la prise en charge parentale. Ce travail s’appui d’ailleurs sur les lignes directrices des Nations Unies que je venais de parler et sur la CDE. Nous plaidons pour l’instauration des mesures visant à prévenir la perte de prise en charge parentale.

Quel effectif disposez-vous aujourd’hui ?

Au niveau des familles SOS, nous avons 94 enfants et 57 jeunes qui sont en petits groupes et 314 enfants suivi par le renforcement de la famille.

Vous avez certainement des difficultés pour couvrir vos charges. Citez-nous les problèmes essentiels auxquels vous êtes confrontés ?

C’est l’amenuisement des financements à l’international. Depuis la crise économique au niveau international, les donateurs préfèrent utiliser leurs fonds pour leurs populations. Il nous revient, au Programme SOS Kara, de mobiliser des fonds au niveau local. Les premiers pas sont faits mais avec des résultats pas satisfaisants. Nous lançons ici un appel à l’Etat Togolais pour nous aider par l’affectation du personnel dans nos structures éducatives et médicales. Cette action soulagerait certaines de nos dépenses.

Êtes-vous satisfait de vos actions sur le terrain ?

Oui, nous sommes très satisfaits de nos actions sur le terrain. Prenons le cas de l’unité programme prise en charge alternative, le fait de donner une famille à chaque enfant, de lui donner de la joie et de lui permettre de grandir est une très grande satisfaction. La chaleur que nous procurons à ces enfants nous donne déjà un soulagement. Les actions de SOS Villages d’enfants Kara sont appréciées par l’Etat togolais à travers le ministère de l’action sociale et l’ensemble de la population. Au niveau de l’Hôpital Mère et Enfant (HME), 9641 consultations ont été réalisées l’année dernière. Visitez nos différentes unités et vous constaterez de vous même combien les gens ont encore besoin de nos services. Avec la mobilisation de ressources que nous lançons, nous donnerons plus de joie à des milliers d’enfants qui sont dans le besoin.

Si vous avez un messager particulier à l’endroit des décideurs et à la population …

Qu’il nous soit permis de remercier l’État à travers l’appui de notre ministère de tutelle dans nos actions. En partenariat avec ce ministère, l’action sociale, SOS Villages d’enfants Togo a réalisé plusieurs actions telles que les maisons de transit, les familles d’accueil, etc. Nous avons besoin de l’appui de l’État par l’affectation du personnel médical et des enseignants dans nos structures d’éducation.

Aux bonnes volontés, nous leur demandons de venir en aide aux enfants pris en charge dans nos structures, quelque soit le geste, pour leur permettre de vivre, de grandir et de participer au développement du Togo. Nous attendons à bras ouverts toutes ces bonnes volontés pour aider le Programme SOS Villages d’enfants Kara.

Entretien réalisé par David BAMAZE

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