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Togo : « les enfants ont besoin de se sentir liés aux autres », Prisqua Djoméda-Kenkou, SOS Villages d’enfants Togo

SOS Villages d’enfants, implantée au Togo il y a presque 40 ans  offre depuis des années à des milliers d’enfants qui ont perdu le soutien parental, un foyer chaleureux et aimant depuis son installation au Togo en 1979. Ceci à travers ces centres de Kara, Dapaong, Atakpamé, et de Lomé. Prisqua Djoméda-Kenkou, Responsable Communication et Collecte de Fonds à SOS Villages d’enfants Togo nous parle du processus de parrainage des enfants.

 Dites-nous comment vous parvenez à relever chaque jour le défi de la campagne « aucun enfant ne doit grandir seul » ?

 Certains enfants sont abandonnés par un de leurs parents, voire par les deux, certains autres sont rejetés par leur communauté et d’autres encore sont délaissés. Lorsque les droits d’un enfant ne sont pas respectés et que ses besoins ne sont pas comblés, alors cet enfant est seul. Pour SOS Villages d’Enfants, les enfants ayant perdu leur prise en charge parentale sont ceux qui ne vivent avec aucun de leurs parents biologiques car ceux-ci ne veulent ou ne peuvent pas prendre correctement soin d’eux.

Un enfant risquant de perdre sa prise en charge parentale vit quant à lui dans un environnement dans lequel le risque ou la probabilité qu’une des situations décrites ci-dessus survienne est élevé. Notre organisation se concentre sur les enfants du groupe cible qui vivent dans des situations d’extrême vulnérabilité. Dans ce contexte, l’extrême vulnérabilité désigne un environnement instable ou dans lequel la sécurité des enfants est compromise, et qui ne leur permet pas de bénéficier d’une protection et d’une prise en charge adaptées. Lorsque nous parlons de notre groupe cible, nous faisons tout particulièrement référence aux enfants extrêmement vulnérables pour lesquels un environnement familial constitue la meilleure solution.

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Plus d’un tiers des enfants accueillis dans une famille SOS possèdent encore au moins l’un de leurs parents, mais ces derniers ne sont pas en mesure de prendre soin d’eux pour différentes raisons qui les rendent vulnérables (problèmes personnels, lacunes en matière de compétences parentales de base, entre autres). Ce phénomène ne touche pas uniquement les petits enfants. Pour les jeunes aussi, être seul est difficile, alors qu’ils se préparent à quitter leur prise en charge parentale. Pour nombre d’entre eux, la transition est une route longue et semée d’embûches qu’ils ne devraient pas avoir à parcourir seuls.

Ainsi, lorsque nous disons qu’aucun enfant ne devrait grandir seul, nous parlons de bien davantage qu’une simple présence physique. Ce que nous affirmons, c’est que chaque enfant et chaque jeune a besoin de grandir au sein d’un environnement familial chaleureux et d’une communauté qui l’accompagnera dans la recherche de son intérêt supérieur et dans la réalisation de son plein potentiel.

S’assurer qu’aucun enfant ne devra grandir seul se trouve au cœur de nombreuses de nos actions. Les enfants ont besoin qu’on les écoute. Ils ont besoin d’une famille, d’une communauté et d’amis qui les soutiennent. Ils ont besoin de se sentir liés aux autres.

Comment se passe le parrainage à SOS Villages d’Enfants Togo ?

 Un “parrainage SOS” apporte une aide efficace, à long terme, à des enfants qui n’ont pas le bonheur de grandir auprès de leurs parents, mais qui ont trouvé un nouveau foyer dans un village d’enfants SOS. En optant pour le parrainage, vous apportez un soutien régulier qui nous permet de planifier plus efficacement notre travail pour les enfants afin de les accompagner de façon optimale, à long terme.

Comment fonctionne le parrainage ?

Quand vous vous engagez en tant que parrain ou marraine, vous contribuez financièrement aux frais d’éducation, d’habillement, d’instruction et de soins médicaux de votre filleul(e). Une contribution de parrainage ne suffit cependant pas à assurer tous les besoins de l’enfant. Chaque enfant a donc plusieurs parrains et marraines.

Trois formules différentes sont proposées. Elles ont été étudiées pour permettre à toute personne qui le désire de souscrire au parrainage :

♦ Vous parrainez un enfant, vous contribuez à son alimentation, à ses études et à sa réussite dans la vie. Cela ne vous coûte que 1.500F CFA par mois soit 18.000 F par an.

♦Vous parrainez une Maison Familiale : vous contribuez à financer son entretien et son équipement. Cela ne vous coûte que 2.500F CFA par mois soit 30.000 F par an.

♦Vous parrainez un Village d’enfants : vous contribuez à financer son entretien et les besoins de tous les enfants du village. Cela ne vous coûte que 5.000F CFA par mois soit 60.000 F par an.

Vous recevrez une fois par an les nouvelles de la maison ou du village que vous parrainez. Vous participerez à tous les grands événements de la vie de votre filleul.

 L’absence de législation fait que les enfants sont souvent abandonnés à eux-mêmes et met dans l’illégalité, les familles qui les accueillent. Quels sont les plaidoyers que vous adressez à l’endroit des décideurs ou des gouvernants pour régler ce problème ?

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 SOS Togo a mené en 2010 une campagne de plaidoyer dénommée « La chaleur d’un foyer pour chaque enfant au Togo ». Le lancement le 10 mai s’était déroulée en présence du Président de SOS Villages d’Enfant International à l’époque M. KUTIN. Elle a contribué à l’adoption des « Normes et Standards applicables aux structures d’accueil des enfants vulnérables ».

Une 2ème campagne de plaidoyer intitulée « Prends soin de Moi » a permis en 2015 la vulgarisation des Lignes Directrices des Nations Unies pour la prise en charge de remplacement des enfants ».

Outre l’accueil des enfants, vous soutenez aussi des familles à travers le renforcement des activités génératrices de revenus et l’éducation. Quels sont les effets socio-économiques des activités de SOS Villages d’Enfants Togo sur les populations togolaises ?

 Le volet « prévention » de l’abandon des enfants par leurs familles se traduit par la mise en œuvre des programmes de renforcement de la famille dans les zones couvertes (Lomé, Atakpamé, Kara et Dapaong). C’est un programme de développement communautaire centré sur l’enfant qui vise à renforcer les communautés à mettre en place des filets sociaux de sécurité pour les familles et enfants vulnérables. Ces interventions se focalisent sur la protection communautaire des enfants, le renforcement économique et le renforcement des capacités des parents/tuteurs à prendre en charge leurs propres enfants.

Dans les communautés où SOS Togo intervient, des dynamiques communautaires sont mises en place : les comités de protection, les clubs d’enfants, la promotion de l’entreprenariat social par les organisations à base communautaire pour répondre aux besoins des enfants et de leurs familles, la promotion les droits des enfants ; la mise en place des groupements d’épargne et de crédit.

En outre, grâce à l’éducation à la parentalité responsable, on note un éveil de conscience des parents et une réduction sensible de cas d’enfants victimes de violences, abus, exploitation et négligence dans les communautés couvertes et celles environnantes.

En ce qui concerne l’éducation, il y a quelques années, l’organisation construisait des écoles à proximité des villages d’enfants SOS pour l’accès à une éducation de qualité aux enfants accueillis et à ceux de la communauté environnant le village d’enfants. Aujourd’hui, pour répondre aux besoins éducatifs d’un plus grand nombre d’enfants, nous soutenons les structures scolaires existantes dans les communautés pour améliorer le cadre d’apprentissage et la qualité de l’éducation des enfants à travers la réhabilitation des infrastructures, le soutien en équipements et le renforcement des capacités de la communauté éducative.

En résumé, nous avons permis à près de 500 familles d’être autonomes dans la prise en charge de plus 2400 enfants et jeunes. Et grâce à nos programmes communautaires, au moins 11 000 enfants et jeunes vulnérables ont recouvré leurs droits à l’éducation, à la santé et à l’alimentation au Togo.

 Vous avez accueilli et encadré des enfants qui sont devenus adultes et responsables aujourd’hui. Quelles sont les contributions de ces derniers à l’avancement de la mission du village ?

Sur les 233 jeunes sortis de la prise en charge, 169 ont trouvé un emploi et sont dans l’entrprenariasoit 72%. Les anciens bénéficiaires de la prise en charge sont les premiers porte-paroles de l’action de l’organisation. Ces derniers agissent comme des membres épanouis au sein des communautés où ils sont installés. Ils ont à leur tour des enfants qu’ils élèvent de façon responsable, ce qui contribue à rompre le cercle de vulnérabilité et de la pauvreté.

Plusieurs jeunes devenus adultes contribuent à l’avancement de la mission de SOS Togo à travers leur participation au montage des projets pour répondre aux appels à proposition, d’autres ont contribué aux activités de renforcement de capacités du personnel et des enfants et jeunes dans leurs études.

Certains offrent des cadeaux à leurs Mères SOS et participent à leurs événements heureux et malheureux et plus généralement à la vie des villages d’enfants.

 

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