RDC : la malnutrition frappe toujours les enfants dans le Kasaï
De pires atrocités sont découlées, des affrontements entre miliciens de Kamuina N’sapu et les forces de sécurité au Kasaï-Oriental dans le territoire de Miabi, une localité située à 35 Km de la ville de Mbuji-Mayi, comprenant 14 aires de santé dont Boya avait été désertée par ses habitants lors des affrontements. Des populations entières se sont réfugiées loin de tous les services sociaux de base et les enfants étaient exposés à des maladies.
Le calme étant de nouveau revenu, les communautés ont rejoint leurs villages. L’UNICEF est intervenu par de multiples actions notamment la réhabilitation du centre de santé et son équipement, la construction des latrines hygiéniques, l’aménagement d’une source d’eau et la prise en charge des cas de la malnutrition aiguë sévère.
Au premier abord, la situation semble être rétablie à Boya. La petite Shiela, que je rencontre devant la maison familiale, en est l’exemple. Durant des mois, la maman de Shiela n’avait plus de quoi nourrir ses trois enfants. Shiela est rapidement tombée malade et a développé la malnutrition aigüe et sévère. Heureusement, lorsque le centre de santé a repris service, Shiela a été pris en charge. Trois semaines de réhabilitation nutritionnelle à base d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi lui ont permis de se porter mieux déjà. Maintenant, elle mange bien et joue de nouveau comme les autres enfants de son âge.
À quelques mètres de la maison de Shiela, mes regards tombent sur un jeune papa assis avec deux jeunes enfants sur ses genoux. L’histoire qu’il me raconte est tout autre que celle de Shiela. Le regard affligé, Muya m’explique que ses filles sont malnutries. Elles avaient été prises en charge, mais depuis deux mois, leur état de santé s’est détérioré à nouveau. Muya me confie que sa femme est enceinte de leur cinquième enfant. Pour ce bébé, le jeune papa promet d’adopter les bonnes pratiques d’alimentation dès sa naissance : la mise au sein dans l’heure qui suit l’accouchement, l’allaitement maternel exclusif jusqu’à 6 mois, l’alimentation de complément avec une supplémentation en vitamines. Tout ce qu’il souhaite, c’est de « voir ses enfants en bonne santé ».
« Les enfants recommencent à souffrir », explique l’infirmier du centre de santé de Boya où Shiela et les filles de Muya ont été prises en charge. « Il y a un problème sérieux, car nous n’avons actuellement aucun intrant nutritionnel ; plus de lait thérapeutique ni d’aliments prêts à emplois », a-t-elle ajouté.
Pour illustrer cette situation Sylvain pointe du doigt une maman assise devant les portes du centre de santé, avec son enfant Kalonji dans les bras. Sylvain nous apprend que le jeune enfant est en situation de malnutrition, mais qu’il ne peut pas le prendre en charge, faute d’intrants. La maman de Kalonji devra parcourir plusieurs kilomètres pour atteindre un centre de santé suffisamment approvisionné pour la prise en charge de son fils.