Albinisme au Togo : une cartographie pour mieux comprendre et agir
Le Centre Africain de Recherches en Épidémiologie et en Santé Publique (CARESP) a présenté, ce mercredi 26 mars 2025, les résultats de la première cartographie des personnes atteintes d’albinisme (PAA) au Togo. Cette étude, réalisée avec le soutien de l’Association nationale des personnes atteintes d’albinisme au Togo (ANAT) et financée par la Fondation Pierre Fabre, vise à fournir des données précises pour améliorer les conditions de vie de cette population vulnérable.
D’après les résultats, 1 521 personnes atteintes d’albinisme ont été recensées sur l’ensemble du territoire, soit une prévalence de 18,79 personnes pour 100 000 habitants. La région des Plateaux affiche le taux le plus élevé avec 40 PAA pour 100 000 habitants, tandis que la région des Savanes enregistre la prévalence la plus faible avec 9 PAA pour 100 000 habitants. L’étude révèle également que la majorité des PAA sont jeunes, avec un âge médian de 18 ans et 62,78 % ayant moins de 25 ans. Par ailleurs, la population est légèrement dominée par les femmes, qui représentent 52,2 % des personnes recensées.
Des conditions de vie précaires

Le mode de vie et les conditions socio-économiques des PAA sont marqués par de nombreuses difficultés. Près de 70,6 % des personnes interrogées déclarent être quotidiennement exposées au soleil sans protection adéquate, ce qui accroît les risques de maladies cutanées, notamment les cancers de la peau. Environ 30,7 % d’entre elles souffrent de problèmes de santé liés à leur condition.

Sur le plan économique, 61,6 % des PAA n’ont aucun revenu mensuel. Parmi celles qui travaillent, 28 % perçoivent moins de 50 000 FCFA par mois, un montant inférieur au Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) fixé à 52 500 FCFA. Seule une infime minorité (1,4 %) dispose d’un revenu supérieur à 100 000 FCFA.
« Notre collaboration a été un pilier de nos efforts pour promouvoir le droit à la santé et l’inclusion sociale des personnes atteintes d’albinisme au Togo. Ce moment marque une étape cruciale dans notre engagement à améliorer la qualité de vie des PAA dans notre pays. Je tiens à exprimer ma profonde reconnaissance à la Fondation Pierre Fabre pour son soutien technique et financier, qui contribue durablement à l’amélioration des conditions de vie des PAA au Togo. », a exprimé Nassirou Boukary, président par intérim de l’ANAT.
De son côté, Giscar Koffi Samboe, coordinateur pays de la Fondation Pierre Fabre, a insisté sur l’importance de diffuser largement ces résultats :
« Je souhaite que ces résultats soient massivement partagés et que chaque acteur s’investisse dans leur exploitation pour améliorer les conditions de vie des PAA au Togo. »
Le Professeur Saka Bayaki, dermatologue, a souligné l’intérêt fondamental de cette étude pour orienter les politiques de santé et les actions de terrain :
« Cette étude nous permet d’avoir une idée précise de la prévalence des PAA au Togo. Avec environ 1 500 personnes recensées, dont une majorité dans la région des Plateaux, il est impératif d’orienter les actions vers une meilleure prise en charge. La prédominance des jeunes, avec un âge médian de 18 ans, montre aussi l’urgence d’agir face à la fréquence et la précocité des cancers cutanés, qui entraînent une mortalité élevée chez cette population. »
Il insiste également sur la nécessité de renforcer les consultations de dermatologie pour détecter les lésions précancéreuses et les cancers cutanés, mais aussi d’apporter un suivi ophtalmologique en raison des troubles de la vision fréquents chez les PAA.
Sur le plan économique et social, il alerte sur la précarité de cette population :
« Seuls 28 % des PAA perçoivent au moins le SMIG. Cette population souffre de stigmatisation, de problèmes sanitaires et économiques. Nous lançons un appel aux partenaires techniques et financiers pour soutenir l’ANAT dans ses projets et activités génératrices de revenus. Un appui solide est indispensable pour améliorer leurs conditions de vie. »
Cette cartographie représente une avancée essentielle pour une meilleure prise en charge des PAA au Togo. Elle servira de base aux futures initiatives en matière de santé publique et d’intégration socio-économique, afin que les personnes atteintes d’albinisme bénéficient d’un meilleur accompagnement et d’une protection accrue contre les risques auxquels elles sont exposées.